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- Après Don César de Bazan, l’Opéra Comique présenté ici dernièrement, je reviens aujourd’hui avec Do Me Love, un film de Lou Viger et Jacky Katu.
- L’histoire
- RENCONTRE AVEC LES RÉALISATEURS
- Tout va vite, va et vient, la vie passe en courant.
- Mon avis :
- Des scènes inattendues, un scénario aux détours improbables, des comédiens inclassables… une étrange impression au final…
- Infos pratiques
- Do Me Love, un film de Lou Viger et Jacky Katu avec Lizzie Brocheré, Christine Armanger, Valérie Maes, Patrick Zocco
- SORTIE NATIONALE LE 30 MARS 2016
- Bande-Annonce : https://youtu.be/t6THk-0Qxj0
Après Don César de Bazan, l’Opéra Comique présenté ici dernièrement, je reviens aujourd’hui avec Do Me Love, un film de Lou Viger et Jacky Katu.
L’histoire
Tout commence par la rencontre entre un homme et une femme dans le cimetière d’une banlieue désertée …
Quelques minutes plus tard, ils sont chez lui et font l’amour à même la table, comme on livre une bataille. Lui a la cinquantaine et il est marié…
Patrick Zocco & Lizzie Brocheré
Elle est jeune, excessive, débarque de nulle part. Très vite, le sexe ne suffit plus, l’errance persiste, il faut trouver une échappatoire. Provoquer le drame, se battre ou s’enfuir ?
Et l’histoire se poursuit, se déroulant en plusieurs phases bien distinctes introduites à la manière de chapitres.
RENCONTRE AVEC LES RÉALISATEURS
Peut-on dire que Do me love raconte une histoire d’amour ?
Jacky Katu : En quelque sorte, oui, même si les histoires d’amour n’ont jamais rien à voir avec les bluettes et les romances que l’on nous raconte pendant toute l’enfance, et même encore après.
La question pour moi était plutôt: comment raconte-t-on, en 2016, une histoire d’amour au cinéma ? Pas un sublime mirage, mais une histoire tangible, charnue, complexe, de plain-pied avec l’époque. Comment s’y prend-on ?
Lou Viger : Ce qui me fascine dans les histoires d’amour, c’est le paradoxe entre leur trame terriblement banale et leur caractère irréductible. Il y a d’abord l’intensité des débuts, puis vient l’empêtrement, enfin le dénouement dramatique (mort de l’amour ou de l’un des amoureux).
Et pourtant, chacun persiste à dire « tu ne peux pas comprendre », chacun vit son histoire comme si elle était unique, et justifie tout ou presque par le cas particulier.
Il faut relire Barthes et ses Fragments d’un discours amoureux.
Jacky Katu : Dans ce film, nous avons essayé de passer au scanner cette chose étrange qu’est le couple, d’ausculter les rapports de force entre hommes et femmes, de sonder le mystère de la jouissance, de jongler avec la quille « romance » et la balle « sexe », en mélangeant le trivial et le sacré.
Patrick Zocco et Lizzie Brocheré
Il semble d’ailleurs que le film mêle plusieurs histoires d’amour. Il y a, du moins, plusieurs actrices pour un même personnage ?
Jacky Katu : Faire jouer un même personnage par deux comédiens est un classique du théâtre, mais c’est assez rare au cinéma. L’exemple le plus célèbre reste celui du film de Buñuel, Cet obscur objet du désir, où le rôle de Conchita est joué par deux actrices très opposées. Dans le cas de Do Me Love, l’idée première était de transcrire l’expérience d’un homme qui ne sait pas s’il a affaire à une ou plusieurs personnes.
Il y a plusieurs interprétations possibles. Il peut s’agir d’un fantasme, d’une mémoire troublée, d’une personnalité multiple, ou encore d’une femme réduite à un rôle – celui de la jeune maîtresse – qui la rend très facilement substituable. Mais le film laisse planer le doute. C’est aussi ce qui fait la magie du cinéma, pouvoir superposer plusieurs niveaux de conscience et plusieurs temporalités.
Lou Viger : Une histoire d’amour se joue toujours à plus de deux personnages. Parce que l’autre prend plusieurs visages, projetés ou non. Mais aussi parce que l’amour que l’on porte est multiple.
Lizzie Brocheré & Patrick Zocco
Pourquoi la sexualité prend-t-elle tant de place dans la première moitié du film ?
Jacky Katu : Parce que le point de départ d’une histoire, c’est souvent le sexe. Ici, le sexe, et rien que le sexe, est un préalable à toute esquisse de sentiment. Les deux personnages ne se connaissent pas, échangent à peine quelques mots, mais ils se jettent l’un sur l’autre et font l’amour à même la table.
C’est aussi l’un des paris de Do Me Love : la représentation du désir physique, qui taraude si fort aujourd’hui le cinéma d’auteur, en France et ailleurs.
Lizzie Brocheré et Christine Armanger: deux visages pour un même personnage
Jacky Katu : Nous avons choisi de tourner avec des comédiens dont les visages ne sont pas familiers des spectateurs sans préjuger de ce qu’aurait été le film avec des stars et un décor parisien. Il est certain que ces visages vierges, ou presque, concourent à faire lever la pâte. Si rien n’est familier, tout est possible.
Comment le film s’est-il tourné ?
Jacky Katu : Do Me Love a été écrit très vite. Cette rapidité est la matière émotionnelle du film, sinon son sujet : foudroiement et mort de l’amour, vitesse des sentiments.